Quand on se retrouve en situation d'échec à l'issue d'un premier tour de scrutin, avec le bec dans l'eau pour les uns, le cul entre deux chaises pour les autres, et qu'il faut se résoudre à prendre une décision en vue d'un second voyage, il y a deux cas de figures il y a ceux qui savent d'emblée ce qu'ils vont faire ; et il y a ceux qui hésitent, qui réfléchissent, qui étudient, qui consultent, qui interrogent, parce qu'il ne sont pas toujours entièrement faits du même bois que les premiers. En effet les premiers, ceux qui savent immédiatement la suite qu'ils vont donner à leur affaire, même s'ils font parfois mine de réfléchir aussi pour mieux tromper l'ennemi, c'est généralement les gens sans scrupules, sans état d'âme, sans honte, sans dignité, et prêts à tout pour une parcelle de pouvoir ! Ils sont légions en politique, il en existe donc obligatoirement ailleurs aussi ! Ceux-là ne sont pas forcément les meilleurs, ni les plus sincères, ni les plus compétents, mais ils restent cependant les plus dangereux, parce qu'ils ne lâcheront pas le morceau ! Tel un pitbull, férocement accroché par la gueule à un leurre au cours d'une démonstration de chiens d'attaque, ils vont se cramponner ferme au bastingage ! L'ambition les taraude le jour et la nuit ! Si ça se trouve, ceux-là aussi rêvent tout éveillés de l'Olympe, en se rasant chaque matin, devant un miroir magique, qui leur répète inlassablement qu'ils sont les plus beaux, qu'ils sont les plus grands, qu'ils sont les meilleurs ! Ils sont avides de gloriole, et ils piétineront indifféremment amis et ennemis s'il le faut, sans se démonter le moins du monde, ils vous diront trois fois une chose et trois fois son contraire, mais ils ne renonceront pas ! En tentant de vous faire croire, qui plus est, qu'ils font tout ça uniquement pour votre bien, et non pas pour leur confort personnel ! Il va sans dire !Leurs supporters les qualifient de battants, de tenaces, de courageux, de déterminés, et les autres, que je crois beaucoup plus près de la vérité, d'arrivistes forcenés, de carriéristes invétérés, de magouilleurs avertis, de prêts à tout et à n'importe quoi, pour avoir un fauteuil, une place, une chaise, un strapontin, un pliant, quelque chose... Ils regardent vers le saint siège qu'ils convoitent comme Harpagon embrasse sa cassette ! Le pouvoir, mon argent, ce bon pouvoir, mon bon argent...Les autres, ceux qui ont de la dignité, et qui aimeraient la conserver encore un peu, ceux qui savent ce que sont exactement la rigueur et l'honnêteté intellectuelles, ceux qui n'ont pas, disons-le tout simplement, une âme de vrai politicien, ceux là sont ennuyés... Ils aimeraient bien y retourner, au risque de ramasser une seconde gamelle, et pourtant ils se tâtent ! Ils se disent puisque ces mécréants n'ont pas voulu de moi une première fois, puisqu'ils on choisi de me faire connaitre les affres de l'humiliation, qu'ils aillent au Diable ! Ils ne me méritent pas, ils ne me méritent plus ! Il faut qu'ils soient coincés à leur tour au beau milieu de leurs contradictions. On ne peut pas, on ne doit pas, se livrer ainsi, en toute impunité, à un crime de lèse-favori ! Et puis, tout à coup, un flash, une lumière, une étincelle... Oui, mais si j'abandonne sans batailler je fais le jeu d'un margoulin sans amour-propre, qui n'aura plus qu'à tendre ses mains sales pour ramasser la mise... Est-ce bien raisonnable, est-ce bien moral de laisser aller les choses dans ce sens ? Le débat est cornélien, digne des stances de Don Rodrigue, qui sait pertinemment qu'il risque de perdre l'amour de sa belle en vengeant l'honneur de son père, et inversement, ou presque ! Enfin, vous connaissez l'histoire... C'est toujours les gentils, les sincères, les pas tricheurs, comme le Cid, je vous dis, qui sont dans l'embarras, avec leur maudite conscience qui refuse de les laisser en paix ! Les voyous n'ont pas tous ces soucis ! C'est pas juste !Qu'est-ce que c'est difficile de devenir riche et célèbre quand on souffre d'honnêteté depuis tout petit, qu'est-ce que c'est compliqué de se faire une place au soleil et de s'installer en bonne position dans un organigramme quand on n'a pas du tout envie d'enjamber des cadavres - c'est une image -, et nom de dieu que la vie est dure quand on aime rigoler !On ne peut donc pas se contenter, comme le préconise le Candide de Voltaire, de cultiver son jardin, et aussi, pour nous autres gens de base, de jouer aux boules ? Quel monde de dingues ! Posted on Wednesday, 14 January 2009 at 114 PMEdited on Sunday, 17 May 2015 at 1111 AM